Vices cachés

Inspecteurs sous pression

Les acheteurs de maison ont parfois tendance à confondre vice caché et usure normale, comme une toiture qui coule.

« Quand je fais mes inspections, je placote beaucoup avec mes clients, explique Daniel Saindon. Je leur explique que la maison qu’ils veulent acheter, il se peut qu’elle ait vieilli et que des travaux seront peut-être nécessaires. Et que ce ne sera pas un vice caché. »

L’inspecteur en bâtiment ne cache pas que les acheteurs sont « de plus en plus informés » et qu’ils en veulent pour leur argent. « S’ils ont payé cher pour la maison et que surviennent des problèmes, dit-il, ils concluent à un vice caché. Certains voient un vice caché dans tout alors qu’il n’en est rien. »

UNE POLICE D’ASSURANCE

Ces attentes exercent de la pression sur les inspecteurs en bâtiment, qui se font rappeler par leurs clients qu’ils « auraient dû » repérer des indices annonciateurs de problèmes plus graves à la propriété.

« On a l’impression, quand on paie pour une inspection préachat, ajoute-t-il, qu’on s’achète une police d’assurance tous risques. Mais notre travail consiste à faire une inspection visuelle et à pointer les défauts potentiels. »

« Si on a des soupçons, on suggère au client de faire réaliser une expertise approfondie. »

— Daniel Saindon, inspecteur en bâtiment

Et qu’arrive-t-il aux inspecteurs qui n’ont pas su détecter des indices apparents ? « Ils risquent de se faire taper sur les doigts », soumet-il.

Daniel Saindon, qui est également courtier immobilier pour une enseigne indépendante à Montréal, constate par ailleurs que le métier d’inspecteur en bâtiment « est un métier à risque ».

« Tu peux être poursuivi à tout moment », concède-t-il.

DES FOURMIS… CHARPENTIÈRES

Et quel rôle jouent les courtiers dans cette galère immobilière ? Se limitent-ils à négocier le prix de la maison pour leur client, ou peuvent-ils en déconseiller l’achat parce qu’ils ont des doutes sur la construction de la maison ?

Alain Gauthier, courtier immobilier chez Via Capitale en Mauricie, affirme ne pas avoir vécu de cas lourds relatifs à des vices cachés au cours de sa carrière.

« Personnellement, ça fait 10 ans que je suis dans l’immobilier, et j’ai eu tout au plus 4 cas de vice caché, dont 2 touchaient des fourmis charpentières, soumet-il. Il y a eu aussi un cas d’infiltration d’eau au sous-sol. Le bois était noirci. »

« Il y avait de la poudre sur les fils électriques, se souvient-il. C’était la preuve que le vendeur avait tenté d’exterminer les fourmis avec des produits chimiques. »

Le courtier a demandé avec son client acheteur l’intervention d’un expert en bâtiment qui a ouvert les murs de gypse pour découvrir la présence de ces indésirables fourmis « qui se promenaient dans la maison depuis 10 ans ».

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.